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Boris Cyrulnik 

Boris CYRULNIK

 

Boris CYRULNIK est Neuropsychiatre, Directeur d'Enseignement à l' Université de Toulon.

 

Résilience, 20 ans après

La résilience prend des directions inattendues. Au début, on pensait qu’il s’agissait simplement d’un moyen de se remettre à vivre après un traumatisme ou après une agonie psychique et les recherches découvrent actuellement que les deux chapitres les plus porteurs des conditions de résilience sont la résilience neuronale et les récits individuels et collectifs.

 Lorsqu’un enfant est isolé ou lorsqu’un adulte s’isole à cause de sa dépression, on voit très rapidement apparaître une atrophie dysfrontale. Le choc neurologique ne permet plus l’anticipation, le rêve d’avenir et ne freine plus l’amygdale rhinencéphalique, si bien que désormais ce nouveau fonctionnement cérébral reçoit la moindre information comme une alerte, un immense stress. Ce déficit neurologique d’origine environnemental est très facile à résilier en proposant un substitut sensoriel affectif familial ou groupal. 

Mais quand un malheur est arrivé, il y a 3 manières d’en parler. On garde dans sa mémoire la représentation du malheur et si on ne peut pas en parler on ne peut que ruminer ce malheur. Ce qui nous met sur le tapis roulant du syndrome psychotraumatique.             

Deux récits : c’est un récit partagé, si le blessé peut partager ce récit avec une figure d’attachement, il sera sécurisé et il pourra ainsi acquérir un précieux facteur de résilience.
Si son récit s’adresse à une figure insécurisante : un policier, un juge, un adversaire, il ajoute une mémoire verbale à la mémoire imagée du traumatisme, ce qui est un facteur de non résilience.
Troisième récit : quand il y a une concordance entre les récits intimes ou les récits familiaux ou groupaux, le sujet se sent réintégré dans la communauté humaine.  Mais quand il y a une discordance, quand le récit collectif le fait taire ou lui dit : « Tu l’as bien cherché » ou ne le croit pas, le sujet ne peut s’adapter que par le clivage psychique.